Hasard et nécessité
Ce disque là, je l'ai acheté au pif. Au blair total, comme ça, dans un bac de 33 tours soldés. Le nom, la pochette, l'envie de découvrir un truc inconnu, et hop. J'en ai acheté des paquets comme ça. Dont un certain nombre décevants voire mauvais, ça va de soi.
La disparition du CD comme support musical est annoncée partout (avec quelques réserves). Le CD à la limite on s'en fout il restera toujours des supports enregistrés, et voilà des années que j'ai repris le goût au vinyl, et j'ai aussi un balladeur numérique. Ce qui me chagrine avec le numérique, c'est qu'on risque fort, avec un marché totalement dématérialisé, de ne plus pouvoir faire de ces achats au hasard.
Avec des disques bradés, inutile d'espérer que le vendeur vous laissera écouter avant d'acheter. Alors on a la pochette, son grain, éventuellement les noms au dos, pour se décider. Et puis le nom du label aussi. Ca compte.
Autant je suis pour le téléchargement et je me suis longuement exprimé sur la question, autant mon rapport à la musique passe, aussi, par un support physique, si possible plutôt un vinyl.
Même pour les CD, il m'est arrivé bien des fois de sortir d'un magasin de CD d'occasion aevc des trucs dont j'ignorais tout et n'avais pas entendu une seule note. Oh, j'ai rarement trouvé des pépites comme ça. Mais j'en ai au moins trouvé 3.
Il y a déjà bien longtemps, vers 1991. Le premier, c'est facile, the Corvairs est un groupe inconnu, mais en retournant la pochette j'ai cru reconnaître (à juste titre) le nom d'un membre du groupe A certain general, Phil Gammage. Je n'ai toujours pas de disque de A certain general, à peine quelques extraits, mais j'ai gardé the Corvairs. Pochette merdique, morceaux inégaux, mais une véritable ambiance, et quand même quelques envolées qui donnent bien. Du coup la surprise était bonne. Ils ont un nom de bagnole mais je leur pardonne, de toute façon ils y a au moins une dizaine de groupes à porter ce blase ;-)
La deuxième, je ne l'ai plus. C'est Christophe de Pop-hits qui souhaitait conserver la pochette, une belle peinture qui flate l'oeil. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait l'acheter, sans savoir que derrière cette face rose et orange rôdait un disque sombre, entre goth et darkwave, un truc vraiment bien d'ailleurs, limite à vous coller les flipettes.
The grinning plowman est un groupe américain. Je n'en sais pas plus. Sinon que Days of deformity est un très bon disque déprimant.
La troisième surprise est assurément la plus belle. Pour 5 francs de 1991, que dalle, j'ai acquis In the pines, des Triffids. Cet album a été réédité l'an dernier avec d'autres disques du groupe, et ça fait drôlement plaisir. Il a notamment été chroniqué dans Magic, à juste titre. Je vous en reparlerai, j'aime beaucoup ce disque, entre pop campagnarde et rock rapeux, miam.
J'en ai acheté beaucoup, au hasard, y compris des CDs. Sur internet, les seuls trucs que je prends au pif sont des titres gratuits glanés sur des blogs. Il est temps que je retourne me vider les poches à coup de 33 tours :-)