Magistrature debout
A l'abord de n'importe quel concert les murs et tout ce qui peut porter une affiche en est badigeonné. A Bourges c'était quasiment l'invasion de ces croix martiales et lugubres, tantôt blanche tantôt noire.
Il est grand temps que je vous parle de la "next big thing", Justice. Malgré un nom qui évoque plutôt le death métal, et une prononciation anglaise qui fleure son Brighton ou sa banlieue de New York, Justice est un duo électro tout ce qu'il y a de français.
Avec un nom pareil, ça n'est pas étonnant que leur nouveau single soit ce qu'on appelle un killer de dancefloor. "DANCE", tout bêtement, ne cherche pas l'originalité à tout crin mais réussit parfaitement à mériter son titre.
Dance, c'est une électro complètement disco comme on peut en trouver chez CSS ou les Scissor sisters. D'autres titres d'eux sentent assez fortement Daft Punk, mais celui-ci est plus direct et moins dur. Le choeur y chante de sparoles qui puisent directement dans les tubes d'il y a 25 ans, notamment PYT, titre de Michael Jackson qui figure sur le légendaire Thriller. Les mains levées sur la pochette du disque rappellent autant la fureur des concerts que les zombies de Michael Jackson. Très référencés, ces garçons.
Justice, c'est le groupe qui buzze en ce moment, grâce notamment à une tournée déjà largement entamée et qui passera cet été par tous les gros festivals. Carton programmé, mais carton mérité. Carton venu de loin en tout cas, car de ce duo on ne connaissait guère qu'un morceau, Never be alone, dont le remix par Simian a fait le tour des discothèques en 2003-2004 grâce aux compils International Deejay gigolo du grand DJ Hell. Leur nom n'avait pas crevé l'écran et leur premier EP, Waters of Nazareth, n'avait pas attiré les spotlights.
Mais en 2007 c'est différent. D'abord parce qu'ils ont un morceau de brutes. Ensuite parce que leur label, qui est aussi celui de DJ Medhi, est en plein explosion. Ed Banger records, grâce à des soirées et à la compil Ed rec 2 qui vient de sortir, est le label en vue du moment. Comme pour Justice, le nom porte à confusion car c'est plutôt un label électro/house (les head bangers, ce sont ces gars à cheveux longs qui écoutent du hard en balançant la tête d'avant en arrière).
Ajoutez à ça une esthétique ambigue et un album dont le titre est tout bonnement une croix, le cocktail est réuni pour que ça prenne (j'aurais pu écrire une phrase en bon français, mais finalement... non). A se demander si entre deux disques de dance ils n'ont pas longuement écouté Joy Division.
Après s'être taillé une réputation de choix comme remixeurs auprès des plus grandes pointures mondiales, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay ont pris le temps pour sortir leur album au bon moment. Ils ont la reconnaissance du milieu, ils ont le sens du marketting, et un tube énorme qui va tellement tourner cet été qu'on en sera saoulé avant le 15 août. En plus de leurs noms bourgeois, la ressemblance avec Daft punk est évidente dans le clip, en cachant leurs visages, marque de fabrique du binôme versaillais.
Il est encore trop tôt pour jauger Justice. Pour l'instant c'est probablement la plus chouette promesse de l'électro, française en tout cas. On saura début juin si l'album tient le coup.