Chemical chords : Stereolab revient au sommet

Publié le par arbobo

Merci et à bientôt !

Oh oui, merci à Stereolab, dont ce Chemical chords nous redonne des ailes, et qui m'a déjà fait acheter ma place pour les écouter le 26 novembre à la Cigale (malheureusement la seule date prévue en France pour l'instant).

Après un album composite un peu décevant en 2006, et le Monade de Laetitia Sadier
touchant les sommets en début d'année avec Monstre cosmic, on se surprenait à ne pas attendre le nouveau Stereolab avec autant d'impatience que ses prédécesseurs.
Et si ce groupe phare des années 90, qui a illuminé nos esgourdes en rénovant krautrock et musique répétitive avec une splendide énergie, était arrivé en bout de course?

Fausse route! Chemical chords est un sacré bonnard de disque, les amis. Dopés par je ne sais quel nouvel élan, Gane, Sadier et leur bande ont retrouvé ce qui a fait leur renommée.
Le son, évidemment, est toujours soigné à merveille. Désormais hébergés par les fameux 4AD (où ils retrouvent... Barbara Carlotti), ils sont de nouveau armés pour la légende.

C'est amusant comme j'ai d'abord cru, à l'origine, que Stereolab était un groupe new yorkais. Leur côté arty, mélangé à la voix si française de l'admirable Laetitia Sadier... l'influence assumée de la musique répétitive, aussi, courant dont les fleurons sont américains, bref tout un ensemble qui me les aurait fait associer à la "
no wave" si j'en avais connu l'existence à l'époque. Etre distribués par les californiens Elektra m'a enduit d'erreur.

Il faut dire aussi que le groupe, duo (leur label s'appelle Duophonic) puis trio, quatuor, et quintet fauché par la mort et constamment recomposé, a vécu à New York. Mais l'Angleterre de Tim Gane, longtemps seul aux commandes du Lab, est revenue peu à peu. A un
krautrock rèche et répétitif, entêtant, a progressivement succédé une musique plus mélodique, où les compositeurs pour films sont devenus une nouvelle influence de choix, rejoints bientôt par la musique brésilienne.

Sur Chemical chords, l'Angleterre a fait un retour en force. Des années 60 des Zombies au groove 70s, Stereolab poursuit sont travail de réinvention. Comment faire du Stereolab avec autre chose.
Stereolab, toujours un groupe à part, à la fois encyclopédie de l'histoire du rock et groupe novateur jusqu'au-boustiste. Avant Fab four suture en 2006, unanimement frustrant, le Lab avait frappé assez fort comme d'habitude, introduisant une touche de Moroder et même de new wave par moments, sur un Margerine eclipse passé inaperçu et pourtant vraiment bon.

Il y avait un moment qu'on n'avait pas trouvé sur un de leurs disques des riffs comme la basse de Three women, qui vous tient en haleine et qu'on se repasse en boucle, en boucle, en boucle...
L'écriture en boucles est depuis toujours une marque de fabrique de Tim Gane, ce côté circulaire jusqu'à l'hypnose permet paradoxalement de constantes innovations. Mais les morceaux abrupts -presque des démos- des tout débuts (Changer), ont laissé place à un univers sonore de plus en plus fouillé, de plus en plus maîtrisé et luxuriant. Laetitia Sadier, qui joue du trombone, a peut-être pesé sur l'apparition des cuivres dans le langage du Lab. Un langage ou la diversité des instruments ne se dément pas sur Chemical chords.

Mais les touches brésiliennes des années précédentes, qu'on retrouve aussi chez Monade, ont disparu cette fois. Sans renier le son et la forme si typiques de leurs compositions, Stereolab s'abreuve constamment à de nouvelles sources. Ici, les années 60 sont partout. De la basse groovy de Three women aux clavecins typiques de la pop de cette décennie. Le swinging London, les illustrations sonores de la BBC, sont le terreau de choix de cet album. On se dit que Tim Gane a du prendre plaisir à se plonger dans les arrangements de Alan Hawkshaw,  Roy Budd ou du grand David Whitaker.
Le résultat, plus pop encore que d'habitude, est rafraichissant et sonne terriblement inédit.

On attendait aussi que le groupe retrouve une de ses innombrables qualités, l'humour. On sourit beaucoup en écoutant ce disque, on sourit pour de bonnes raisons, comme avec une bonne private joke entre le groupe et son public, un humour teinté de tendresse. Le must étant l'avant-dernier titre, un Daisy click clack totalement cabaret, un charleston à la Chicago. Car même si la veine politique du Lab reste intacte (Nous vous demandons pardon, envolée anti-colonialiste, ou Vortical phonotheque), Laetitia Sadier affiche une sereine distance. Avec la désarmante gentillesse et l'humour
que vous lui connaissez, elle nous invite d'emblée à ne pas trop prendre tout cela au sérieux ("there's nothing to be sad about") et joue même sur un second degré qui appuie parfaitement la musique ("le message est toujours le même, il faut observer les lois de la gravité"). Des intros tronquées et des titres coupés net soulignent encore cette impression de jeu avec les auditeurs.

Si Stereolab n'a pour ainsi dire jamais fait de mauvais disque - sur une vingtaine - ce Chemical chords me fait grimper aux rideaux comme peu avant lui, me ramenant à l'excitation de la période Emperor tomato ketchup et Dots and loops. C'est dire s'il est réussi et si vous l'aimerez.

Je vous incite fortement à préférer l'édition 16 titres à l'édition "normale" de 14, déjà foisonnante. Il serait trop dommage de vous priver du tubesque The nth degree et de Magne music. Et on guettera impatiamment les imports Spool of confusion et explosante fixe.

Vous pouvez déjà vous régaler les yeux et les oreilles avec cette vidéo de ce tube absolu qu'est Three women.

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A
j'ai jamais compris les contrepétries, tu n'avais aucune chance avec moi, ça fait partie des cases qu'il me manque :-)
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A
Et voilà.Je fais la contrepèterie la plus subtile de l'histoire de la blogosphère, et elle passe complètement inaperçu. Crotte.Puisque c'est ça, je n'aurai qu'une phrase : il fait beau et chaud.
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A
long en effet, pour l'anecdote, j'ai acehté à l'époque une compilation de feu le label anglais Too Pure, contenant des titres des premiers albums de Th'Faith healers (passés à la trappe), PJ Harvey, et Stereolab :-)un disque de 1991, donc. Nous étions encore au lycée, ama-l, ce qui ne nous rajeunit pas des masses :-/
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A
"Stereolab, je me demande ce que ça peut donner de les découvrir aujourd'hui."Je te dirai quand j'aurai écouté l'album, parce que pour l'instant, je n'ai jamais rien écouté de Stereolab.Oui, je sais, je sais. C'est long comme lacune.
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A
c'est juste une question qui m'était venue par association d'idées :-)et nous sommes d'accord, bien sûr.
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