cuisine sonic !

Publié le par arbobo

Ne vous demandez plus si pour entendre rimer "rock" et "français" vous devez obligatoirement subir  les verbiages ineptes et acnéïques des Naast ou Second sex.

Contentez vous de constater que le rock conserve, qu'il rend même beau gosse à en rendre jaloux, et que c'est dans les marmites des années 80 (eh oui !) qu'on fait les meilleurs rock. Du bon rock, pompes en cuir, guitares lourdes, son puissant et mélodies uppercut. Du rock comme ça fait aussi un bien fou d'en entendre, sans épithète, sans avoir à se creuser la cervelle pour savoir comment le définir ou dans quelle sous-catégorie le faire entrer, pour une fois. R, o, c, k. Point barre.

2008_0312pophits-domsonic202.JPG Dominic Sonic a demandé aux Kitchen men de faire sa première partie au Nouveau casino ce 12 mars. Sous ce nom, on retrouve au chant et à la guitare Frandol. Les deux garçons s'avouent complices de longues date, et on le comprend. Durant les années 80, alors que Téléphone puis Noir Désir ont incarné un rock français (et chanté en français) trouvant le grand public, une véritable scène fourmillait de groupes intéressants. On croise parfois au détour d'un article les Dogs, ou les Thugs, plus célèbres pour avoir signé sur un label américain que connus pour leur musique.
A cette époque, en dehors d'une scène "alternative" où la Mano Negra retournait des salles entières, les Roadrunners creusaient un sillon rock pur et dur, le plus souvent en anglais, sous l'égide de Frandol. Imaginez alors ma joie en entendant Saturation point ou I'm watchin you, interprétés par les Kitchen men. Mais leurs nouveaux titres sont aussi très bien, on devrait pouvoir le vérifier sur disque dans quelques mois. Sur scène, le groupe a subi le poids des ans, à l'envers. Plus que jamais rock, les Kitchen men sonnent plus 60s que 80. On pense souvent à une collision très garage, entre les Kinks et les Troggs. Le son de l'orgue n'y est pas pour rien, mais c'est tout le groupe qui est à l'unisson. Dans ce quatuor foutraque, seul le bassiste reste imperturbable, tandis que le batteur Nicolas rappelle Malcom McDowell dans Orange mécanique, entre oeil lubrique et jeu théâtral. Le clavier, lui, se défonce tellement sur son instrument qu'il manque constamment de le renverser, il se jette sur lui, se vautre parfois, rue même sur le clavier comme une lutte sexuelle avec le son.

Dominic Sonic pratique l'humour à froid. "Je me félicite qu'on ait plus d'invités que de payants ce soir". A tel point, pour être honnète, que le concert a failli être annulé en raison du peu de places vendues. Mon rabattage perso n'a pas été très efficace (la concurrence de the Cure le même soir a été décisive), mais au moins le public est acquis et chaleureux. "Au moins ça veut dire qu'on a encore des amis", complète-t-il. Des habitués de la première heure (1989, déjà) retrouvent des titres intacts, et d'autres comme moi profitent également de ceux tirés de son nouvel album.  Fuel ("une chanson sur le pouvoir d'achat") ou  Replace the sun sortent droit de Phalanstère #7, publié par le Village vert. C'est d'ailleurs avec leurs compères de label Deportivo qu'ils vont poursuivre la tournée, entrecoupée par un Taratata. Après une participation que vous aurez peut-être remarquée à l'hommage à Fred Chichin, moment mémorable des victoires de la musique.
Ici, écoutez Down and low :


Dominic-sonic-phalanstere.jpg Comme Dominic, sa musique ne prend pas de ride. Il n'est pas trop tard pour aller en profiter en concert et pour vous procurer Phalanstère #7. Il ne manque pas d'arguments pour vous faire adhérer à sa communauté anarchiste. Charisme, énergie rock communicative, et une intensité dans le regard qui capte le votre. Ne cherchez pas le clin d'oeil ou la coqueterie derrière ce titre, la référence à Fourier reflète tout bonnement les idées politiques de Dominic, dont les lectures (Barbey d'Aurevilly cité sur son myspace) et la culture musicale révèlent un type à la curiosité aiguisée et au cerveau aussi bien taillé que ses riffs assassins. On ne peut pas dire que Dominic Sonic courre après la gloire malgré la liste de ses collaborations (Cantat, Blaine Reninger, Marc Minelli, et... les Stooges !), et ce côté anar égalitaire qui lui fait citer tous les techniciens avec qui il a travaillé est aux antipodes de la culture des majors. Pas étonnant qu'on le trouve donc chez des puristes, ces amoureux du rock que sont Fred Monvoisin et ses acolytes du Village vert. Joli parcours, débuté dans le groupe Kalashnikov puis en solo chez le mythique label Crammed. Parcours intègre, comme l'homme.

Format rock de base : une batterie, une basse, 2 guitares. Classique. Avec une écriture qui repose sur un riff répétitif de basse et/ou de guitare sur lequel élabore Dominic. Le résultat? Des morceaux imparables comme When my tears run cold ou Fuel. Sa musique a ce côté direct des gens qui ne trichent pas, et la générosité d'un rock qui a oublié d'être poseur. On se sent tout de suite chez soi dans la musique de Dominic Sonic, et ça donne envie d'y inviter du monde.
 

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S
Merci, les gars ! Je vais vite aller voir/écouter...  :-)
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A
rassure toi tom,il a déjà compris qu'il va certainement aimer (en plus politiquement ça ne peut pas lui déplaire, pour couronner le tout),les découvertes sur le tard ont leur propre saveur, de toute façon, sachons les savourer :-)
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T
Argh! Malheureux Ska ! Tu ne connais pas Dominic Sonic ? Viens vite réparer ça chez nous ! Amicalement.
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S
Etrangement, je ne connais pas Dominic Sonic. Tu me donnes envie d'écouter ça. Quant à l'hommage à Chichin, c'était effectivement (avec Higelin et Dionysos) l'un des rares bons moments des Victoires : simple, efficace, évident et émouvant.
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A
il y a des soirs comme ça,où Paris déborde de mille concerts.Ska était à l'olympia avec yves simon, moi au nouveau casino,christophe et jérome au zénith pour un cure d'anthologie....bref c'était pas soir à regarder un spécial questions pour un champion ^^
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